La saga du Tricycle ...
Bombardier,
le grand nom de la moto-neige, se lance dans le concept du 3 roues…
Le concept n’est pas super novateur, et oui, quand j’étais môme, il n’était pas rare de voir des Piaggio à 3 roues servant de fourgonnette légère à des artisans (voir photo ci-dessous pour les plus jeunes) …
C’est
amusant cet engouement pour les roues en quantité impaire ! Après donc le
MP3 de Piaggio, que l’on peut voir partout chevauché par un cadre sup’, Bombardier nous gratifie donc d’un Spyder
musclé pour la modique somme de 14.000€ env.
Nous
sommes donc sur un tricyle de sport. Or le concept du tricycle sport n’est pas
neuf non plus … ainsi dans les années 30, le top du top de l’époque était
Morgan.
Les
Morgans sont d’ailleurs des engins très sympas et efficaces, pour en avoir vu
au grand prix de l’âge d’or de Montlhéry ou aux Remparts d’Angoulême, ces
petits bêtes munies de Bicylindre de moto profitent d’un rapport poids
puissance très avantageux … les voir tourner est amusant, tant le pilote et son
passager sont obligés de jouer les funambules pour tenir la trajectoire optimale
En 1908, HFS Morgan achète un moteur de
moto, un bicylindre en V Peugeot de sept chevaux, qu’il monte transversalement
sur un trois-roues à châssis tubulaire. Le premier cyclecar Morgan est né et porte déjà les traits qui caractériseront pour toujours les
productions de la marque : châssis rigide, légèreté (350 kilos) et suspension
avant indépendante à guidage vertical, un brevet Morgan. Adoptée par Lancia sur
sa révolutionnaire Lambda, cette dernière équipe encore les Morgan
d’aujourd’hui à l’exception de l’Aero 8. Autre élément décisif, le rapport
poids-puissance très favorable de 90 ch à la tonne offre à ce véhicule
intermédiaire entre l’automobile et la moto des accélérations aussi rapides que
n’importe quelle voiture du moment.Ce parti pris de légèreté sera le credo de
Colin Chapman un demi-siècle plus tard.
Construits dès 1910, les trois-roues sont équipés de moteurs de
moto, surtout des bicylindres en V JAP à refroidissement par air. Ils sont
dotés de deux vitesses, la transmission finale à la roue arrière se faisant par
chaîne. Moyennant supplément, ils recevront également des mécaniques à
refroidissement liquide JAP, Blackburne, MAG et Anziani de cylindrées de 1000
cm3 ou 1100 cm3.
Simples mais bien construits, les trois-roues Morgan constituent un moyen de
transport bon marché, qui s’adresse aux gens n’ayant pas les moyens de s’offrir
une automobile. Ils remportent un vif succès, aiguisé par les nombreux lauriers
qu’ils glanent en compétition, courses de côtes et trials, ces épreuves
typiquement britanniques, sorte de cross country avec tout ce qu’il faut de
boue et de pierres… Ils y font la démonstration de leur remarquable stabilité,
bien supérieure aux trois-roues à roue avant unique comme le Reliant Robin. Une
qualité qu’ils doivent notamment à leur voie avant large.
La notoriété de la marque monte en flèche
quand Gordon McMinnies, un journaliste de la revue Cyclecar
Pour faire face à la demande, surtout
dans le contexte de l’après-guerre qui favorise les moyens de transport bon
marché, Morgan s’installe dans une nouvelle usine située dans la Pickersleigh Road
Les trois-roues Morgan constituent une gamme de modèles couvrant de larges
besoins de la
clientèle. Une sorte de camionnette commerciale est même
disponible. En 40 ans de carrière, ils changeront relativement peu. On note
néanmoins quelques progrès techniques, dont les freins à l’avant (en option à
partir de 1923), les projecteurs et le démarreur électriques. En 1931, ils
reçoivent une transmission à trois vitesses avec marche arrière et un embrayage
monodisque en lieu et place du vieux cône. Le modèle Super Sport Aero à moteur
culbuté succède en haut de gamme au Grand Prix. A partir de 1934, les Matchless
V-twin culbutés ou latéraux, à refroidissement à air ou liquide, se substituent
définitivement aux JAP.
En 1935, le Type F2, construit à côté du
premier modèle désormais baptisé F4, reçoit un Ford de1,2 litre. Ce groupe
motorisera également le F Super Sports en 1938. Mais, en 1935, une réforme du
gouvernement britannique a porté un coup sévère aux trois-roues en réduisant
l’avantage fiscal dont ils bénéficiaient jusqu’alors sur les automobiles. D’où
le lancement en 1936 de la
première Morgan 4/4. La production des trois-roues tombera à
29 unités en 1939.
Après la guerre, ils seront construits au
compte-gouttes et uniquement en quatre cylindres.
Le dernier sortira d’usine en 1951.